Le Pays Toraja , 2ème jour

Ce matin  nous partons à 9 heures. Anis  nous propose de retourner sur les lieux de la cérémonie d’hier afin d’y comprendre la suite.

Nous  sommes ébahis devant tant de buffles et de cochons qui serons sacrifiés. Le buffle albinos, lui sera conservé vivant. Les cochons sont tués en  leur enfonçant un immense couteau jusqu’au cœur et les buffles égorgés avec un couteau, finement aiguisé, ça va de soi !!!

Les pauvres bêtes se débattent quelques secondes et s’éteignent. C’est horrible.

Hier, c’était la fête des dames décédées l’an passé, et aujourd’hui c’est la famille qui est honorée. Le maître de cérémonie annonce les invités qui  présenteront leurs salutations à la famille, plusieurs centaines de personnes. Des petits enfants en habit traditionnel accueillent les invités, ça c’est très joli. Les présentations sont ponctuées par des  danses et des chants.

Notre  guide nous a proposé ensuite de visiter les tombeaux creusés dans la roche, une fois de plus nous avons été très surpris par ce mode de conservation des morts. Pour creuser un tombeau il faut environ 6 mois. Les gens sont heureux quand ils savent que leur  tombeau est creusé avant leur mort.

Ainsi dans  la montagne on peut voir des  trous carrés bouchés par de très belles portes sculptées, des balcons  surplombent  la roche où  « les tau tau » statues à l’effigie des personnes décédées sont installées. Certaines sont très anciennes. SURPRENANT !!!!!!!!!!!!!!

Les cercueils sont montés sur des échafaudages afin d’atteindre le tombeau qui peut être à 10 mètres de hauteur, un très dur travail pour  les croque morts.

Les bébés décédés sont mis dans les arbres car selon les croyances la sève des arbres peu leur redonner vie.

La région est magnifique nous avons continué notre chemin sur des routes absolument défoncées, le chauffeur ne pouvait pas rouler à plus de 20 kilomètres/ heure, mais quel régal pour les yeux !!!!!!!

Les Torajas sont de grands riziculteurs. La région est couverte de rizières en terrasse vert fluo, c’est grandiose. Nous rencontrons de nombreux agriculteurs dans les rizières, ils n’utilisent plus le buffle pour labourer, mais des motoculteurs à grandes roues, ils appellent ça « le buffle japonais », les moteurs sont Nippons. Il est possible d’avoir dans une même rizière, l’ensemencement, le repiquage et la récolte, si bien qu’on a deux récoltes par an. Très belle journée

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Sulawesi (Célèbes)

trajet-maumere-macassarNous avons donc quitté Florès pour  Sulawesi. Un vol direct de  la compagnie Merpati, qui est inscrite sur la liste noire des  compagnies européennes nous a emmené sans problème, et pourtant  Françoise tremblait de trouille à l’idée de monter dans un avion qui n’est peut être pas fiable. Nous n’avions guère le choix, car rejoindre Sulawesi de Florès , n’est pas chose facile. Nous pouvions prendre un ferry, mais il nous fallait beaucoup plus de temps. Bref, Tout s’est bien passé. Nous avons même eu droit à un verre d’eau et un pain au chocolat  pendant le vol !!!!!!img_1543-copier

Arrivés à l’aéroport de Macassar, nous avons tout de suite réservé un bus de nuit pour rejoindre Rantépao. Nous avons loué  un taxi  pour la journée et avons   visité la ville. Macassar est une métropole de plus d’un million d’habitants. Le fort Rotterdam, ancien bastion des Hollandais est bien conservé, et nous avons passé un bon moment sur le port des Bugis. Leurs goélettes transportent des marchandises dans l’ensemble de l’archipel Indonésien. Les Bugis, valeureux marins,  n’ont pas besoin de boussole et se dirigent sans gouvernail sur leurs goélettes. Dommage que le  port soit  affreusement sale, Ils n’ont aucune idée d’écologie, c’est affligeant.

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A 22 heures nous prenions donc le bus de nuit. Nous sommes les seuls étrangers à faire le voyage, mais le bus est plein. Il est extrêmement confortable. Les sièges s’allongent, nous avons couverture et bel oreiller. C’est beaucoup plus confortable que l’avion.

A  6 heures du matin nous étions à Rantépao. Là, évidemment un comité d’accueil de taxis et de guides nous attendait.

Nous sommes allés prendre un petit déjeuner dans  le 1er « warung » du coin et avons discuté avec des guides. Nous en avons retenu un qui est francophone.

Anis sera notre guide pendant 2 jours. ranis.anis@ yahoo.in

Hop, ensuite  nous avons choisi un hôtel, et il y a  largement le choix car les touristes n’affluent pas en cette saison, et c’est tant mieux pour nous. Nous résiderons donc dans le plus bel hôtel de Rantépao  www. Torajaheritage hotel.com. Il est construit dans le style Toraja. Nous avons une vue superbe sur la montagne, beau jardin , grande piscine, petit déjeuner de roi. Nous ne sommes absolument pas  réguliers dans nos choix dans nos choix d’hôtels car à Maumere nous étions dans une Guest house délabrée, très très mal entretenue, mais évidemment beauuuucoup moins chère.

En fait, notre objectif est de tenir le budget prévu pour le voyage et ainsi  de temps en temps nous nous offrons un top.

Bon, Après moult négociations  sur le prix  de notre tour avec le guide, nous  lui avons donné rendez vous à 10 heures.

Une bonne douche  et  nous étions prêts pour la découverte du merveilleux pays  Toraja.

Ici on a  l’impression de vivre un documentaire, tant les paysages  sont stupéfiants de beauté et  la culture  tellement complexe. Le pays Toraja restera certainement l’un de nos coups de cœur.

Anis   nous dit qu’aujourd’hui  se déroule une cérémonie funéraire à ne pas manquer. Les Toréjas vivent dans le culte des morts et il est fondamental pour eux d’organiser des cérémonies funéraires grandioses, et c’est un euphémisme.

Avant d’aller à cette cérémonie, nous visitons  un  magnifique village. Les villages appartiennent à une seule  et très grande famille . L’architecture des maisons est splendide. Leurs  toits   sont en forme de bateau.  Peu de Torajas vivent encore dans les maisons anciennes car  évidemment il n’y a aucun confort,  ils construisent des maisons en « dur »  à côté dans le style ancien, mais sont obligés  de garder les villages pour y célébrer toutes les cérémonies. Aujourd’hui,  Il s’agit  d’une cérémonie  concernant  deux dames décédées il y a un an, Elles sont là dans leur cercueil exposé  sous des petits  abris et les statues à leur effigie en bois  de jacquier ,grandeur nature,  à côté. Elles  vont être honorées pendant deux ou trois  jours. Des buffles et des cochons vont être sacrifiés, attention !!!!!!! Âmes sensibles s’abstenir !!!!!!!!!!Il Il ya beaucoup d’hémoglobine, le sang coule. La viande des animaux sera partagée entre les invités et les  gens des villages alentours. Oui, car  les sacrifices peuvent être d’une centaine de bêtes. Le gouvernement a instauré une taxe sur ces sacrifices afin  d’enrayer les massacres, mais rien n’y fait, la  tradition l’emporte sur  le fait de payer un impôt  pour chaque sacrifice. Les buffles, élevés à Sulawesi, ne suffisent pas  à fournir les cérémonies funéraires, si bien  que les Toréjas en importent  de tout le pays, Bornéo, Sumatra, Papouasie, c’est absolument dément.

Des bâtiments de bambous ont été construits pour l’occasion car plusieurs  centaines de personnes seront invitées à la cérémonie. Nous faisons partie des invités et Anis avait prévu un cadeau pour la famille (des cigarettes). Nous avons été reçu dans l’une  des innombrables petites pièces en bambou et on nous a offert, bonbons gâteaux et café. Les Torajas expatriés dans d’autres pays, reviennent pour ces cérémonies. Il est impossible pour une famille de ne pas faire ces fastueuses  cérémonies, sinon elles perdraient la face, et ce serait la honte à tout jamais. Les Torajas sont Chrétiens, preuve en est les nombreuses  églises colorées qui rehaussent  le paysage, même au fond des rizières. Mais les Torajas conservent leurs croyances animistes d’avant l’évangélisation.

La cérémonie dure 2 à 3 jours. Outre  les sacrifices  d’animaux, il y a les processions avec  les cercueils, les danses et musiques et  les combats  de buffles dans une rizière. Ce sont peut être mille personnes ou plus qui parient sur les animaux. Un a un les buffles sont conduits dans la rizière et s’affrontent. Le gagnant est celui qui fait fuir l’autre. Il n’y a pas de mise à mort dans ces combats.

Les buffles coûtent chers, mais les plus  précieux sont les albinos, ils peuvent valoir  jusqu’à 20 000 euros. Une fortune !!

Cette journée restera un point fort de notre voyage.

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